Le harcèlement à l'école

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Publié pour la première fois en 2014

Mon enfant change de caractère depuis quelques semaines, il est plus renfermé et explose parfois sans raison apparente. J’ai le sentiment qu’il est en train de perdre sa confiance en lui. Commence-t-il son adolescence ? A-t-il peur du passage en 6ème ? Y a-t-il quelque chose qui ne va pas à l’école ? Il s’enferme dans le silence. Que dois-je comprendre, que puis-je faire?

Le harcèlement est difficile à identifier car il est protégé par la loi du silence ; règle tacite ou imposée qui isole l’enfant agressé et renforce le pouvoir de celui qui agresse. Le harcèlement est également difficile à identifier car il est fait de la répétition de petits actes qui, observés isolément, ne semblent pas porter à conséquence. Souvent les adultes ne les remarquent pas, ou n’identifient pas leur gravité. Les agressions sont délibérément invisibles pour les adultes, mais suffisamment visibles pour être remarquées des témoins, personnes essentielles dans la dynamique de la violence. On parle de harcèlement lorsqu’une personne est soumise de manière répétée à des brimade, à des vols et à des conduites agressives, qui cherchent intentionnellement à intimider, manipuler ou blesser, et qui engendrent une relation de dominant-dominé.

La phrase : « les enfants sont durs entre eux ! » est entrée dans le langage courant, comme si une forme de violence était acceptable et inéluctable. Depuis 2011, les pouvoirs publics français reconnaissent enfin l’existence du harcèlement et de la violence à l’école, et ont organisé des assises nationales. Mais les adultes en charge des enfants sont-ils armés pour faire face ? Parents comme éducateurs, n’ont pas toujours les outils pour identifier et lutter contre la violence et, de fait, peuvent ressentir de l’impuissance. D’autres pays se sont penchés sur le phénomène depuis plus de vingt ans et ont obtenu des résultats encourageants. Nous pouvons apprendre de leur expérience.

Les situations de violence ne sont pas inéluctables. Les rôles qu’ont pris les enfants ne sont pas immuables. Il n’y a pas de personnalité ou d’identité de victime, de harceleur ou de suiveur. Il y a des enfants qui croient que pour exister et être quelqu’un il faut avoir du pouvoir sur les autres. Il y a des enfants qui, à la longue, ont du mal à croire en eux, en leur valeur et qui se débattent avec la honte. Il y a des enfants qui se cachent dans le silence, par peur d’être la prochaine victime. Il y a aussi des enfants qui trouvent le courage de dire stop et de critiquer ouvertement les comportements agressifs.

Nous pouvons combattre le phénomène du harcèlement à l’école. Nous pouvons réintégrer la loi de l’adulte, là où, en son absence, c'est la loi du plus fort qui fait référence. Nous pouvons enseigner l’empathie, là où faire mal est un moyen pour se définir une place dans le groupe social. Nous pouvons réintégrer la communication, là où la loi du silence et de l’isolement règnent. Ce programme s’adresse à tous les protagonistes, fussent-ils silencieux. Parents, enseignants, adultes témoins, service public, nous sommes tous parties prenantes.

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