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Publié pour la première fois en 2006
Le désir de Connaissance s’est posé aux premières consciences humaines. Le langage et l’écriture nous ont transmis leur héritage. Puis les mythes, la philosophie, la littérature et l’art ont permis à la pensée de se structurer. Enfin, les sciences humaines se sont lancées dans l’exploration de la nature humaine, chacune développant sa théorie à partir de son point de vue, psychologique, linguistique ou anthropologique.
A la fin du XIXème siècle, l’homme a commencé à croire qu’il pouvait maîtriser la maladie, la mort, la vie. Les sciences exactes se sont développées dans l’optique de tout expliquer, idéalisant leur apport à la Connaissance. L’explosion des découvertes scientifiques s’est faite dans un sentiment de toute-puissance ; chacune des sciences croyait apporter à l’homme sa part de liberté.
Aujourd’hui, ma gratitude va vers tous ces scientifiques, même si certain d’entre eux ont pu parfois faire preuve de narcissisme. J’appartiens à la lignée de ces hommes et de ces femmes. Je veux avoir confiance dans la nature humaine et croire qu’après un temps nécessaire, la maturité émerge.
Des hommes de science se sont rencontrés et ont ouvert leur cœur à d’autres disciplines. Voici quelques exemples de ces rencontres. Un psychiatre utilise les rites de passage funéraires des sociétés traditionnelles pour aider des enfants à vivre le deuil d’un parent. Un neurobiologiste apprend d’un tibétain que la relaxation normalise les réactions immunitaires. Un cancérologue adhère au concept santé-beauté des Navajos qui, à travers des peintures de sable, restituent l’équilibre de la personne et sa juste place. Aujourd’hui, de nombreux médecins perçoivent la maladie comme l’expression d’une souffrance psychique, et replacent l’être humain dans son environnement social et spirituel.
Ces scientifiques ont choisi le dialogue. Ils mettent leur savoir en perspective et, par là, acceptent de s’en désidentifier. Le feu qu’ils ont allumé ne s’éteindra plus. Ils se sont courageusement engagés dans une nouvelle dynamique, prenant le risque de remettre en question leurs croyances. Leur humilité a permis une ouverture et fait progresser la quête du sens. C’est ici que la conscience humaine fait l’expérience de sa créativité. Dans cette démarche holistique et intégrative, chaque individu n’a de sens que dans un tout, et ne se révèle qu’à la lumière de ce tout.
Médecins, ethnologues, psychologues, nous travaillons sur les mêmes maux et les mêmes espoirs, puisque l’homme, notre matière, est un tout. Pour identifier la maladie, nous observons les signes de déséquilibre et de souffrance. Nous entrons dans l’intimité des corps : désir de soulager. Pour comprendre la culture de l’autre, nous vidons notre regard de notre propre culture. Nous acceptons la non-évidence dans l’humilité : désir d’accueillir. Pour accompagner la souffrance de l’âme, nous nous enracinons dans notre authenticité. Nous laissons agir l’empathie : désir de rendre la liberté.
Scientifiques et thérapeutes, nous sommes mus par le même désir de comprendre et d’aider. Nos démarches convergent lorsqu’elles s’inscrivent dans une considération inconditionnelle. La connaissance se construit dans une approche pluridisciplinaire où l’interaction et l’interdépendance sont comprises comme une liberté.
De la synthèse naît un espace de création en expansion.